Petite Ficelle

Envolée de « petite princesse »



On dit que l’écriture permet des miracles, qu’elle est l’essence même de la délivrance d’autrui à la recherche tantôt du pardon auprès d’un proche blessé, tantôt de l’amour pour celui ou celle qui a su émouvoir l’écrivain frappé par la passion. Mais moi aujourd’hui, je veux écrire pour soulager, pour mettre des mots sur le départ d’un petit être au grand cœur qui a su me toucher comme cela ne m’était pas arrivé depuis plusieurs années, malgré toutes les adorables âmes de cette si petite taille qui ont croisées mon chemin.

Il y a quelques mois encore, petite frimousse à peine poilue se baladait avec aisance dans la petite cage de son animalerie, accompagnée de sa fratrie, loin d’avoir un pelage plus développé. Le charme opère rapidement, aussitôt vue, aussitôt adoptée avec le sourire, la petite s’appellera Ficelle, référence à sa petite taille, svelte, à la limite maigrichonne. Ses grandes oreilles semblent disproportionnées face à ce corps si fragile et délicat. Petite Ficelle sera, Ficelle deviendra une alliée, je le sens, je le pressens, nouvelle une nouvelle micro-loute qui s’immisce avec aisance dans la vie de la sage Lola.

La vieillesse est cruelle, sans demi-mesure, injuste et perverse. Elle frappe, cogne sans vergogne, les meilleurs comme les truands, les bons et les méchants, les petits et les ogres de ce monde. Lola ne fera pas exception à cette terrible loi, et importe rapidement avec elle toute la joie de la vie en communauté pour un duo de copines partageuse d’une couche cotoneuse.

Petite Ficelle se retrouve alors seule, tel un petit oisillon arraché soudainement à sa seconde mère qui disparait à son tour. Trouvant du réconfort auprès d’un rituel sans faille et une gourmandise nouvellement découverte, la micro-loute apaise sa solitude tandis qu’elle se bat avec rage contre une maladie qui laisse encore perplexe son petit docteur… la thyroïde gagnée par le venin ? Une génétique fragile… ? La question restera à jamais sans réponse.

Sans réponse puisqu’il n’est plus. Un mal qui détruit avec violence, sans véritablement prévenir, et qui a l’audace de faire souffrir pendant des heures et des heures… Petite Ficelle passera 3 longues heures dans de chaudes mains humaines féminines, assaillie par de fines caresses aussi délicates que possibles, embrassée par moments, comme pour ne pas être seule… ne pas partir seule, dernier cadeau, derniers instants… que je ne pu t’offrir… un patron qui, pour la seconde fois, ne voit pas la détresse dans mes yeux de passionnée.

La souffrance a laissé place à la délivrance. La séparation est brutale, trop brutale sans doute, même si j’ai espéré ton départ pour qu’enfin spasmes violents, respiration saccadée, prennent enfin fin…

On dit que les premières fois sont inoubliables. Elles laissent en soi un souvenir unique, comme un bonbon qui fond lentement sous la langue et nous enivre de toute sa douceur. Première petite souris nue, fuzz en vérité, sera synonyme pour moi d’un petit être au crâne joliment dégarni, d’un petit regard plein de malice, d’une « petite princesse » qui a su trouver en la Cooky, une alliée de toujours pour délivrer des dizaines de bananes. Première petite fuzz qui m’a tout appris de ces micro-loutes gloutonnent et pleines de vie… repose en paix ma petite Ficelle adorée, sur l’immense nuage de gruyère comme la légende le raconte avec poésie.